Granules de bois (pellets) : flambée des prix, +133% en 12 mois, une pénurie organisée ?

Le prix des pellets a flambé ces derniers mois. Les Français stockent massivement de peur d’en manquer, la pénurie est bien réelle, et les coûts de production ont également augmentés.

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Pellets, flambée des prix

De nombreux Français ont changé leur chauffage fioul pour passer aux pellets. Et là c’est le drame. Le coût du chauffage est encore plus élevé. Le prix des pellets ne cesse plus de grimper depuis quelques mois. Ces pellets sont pourtant produits principalement en France, à 85%. En un an, le prix d’une palette d’une tonne conditionnée en sac de 15 kg est passé d’environ 300 euros à plus de 600 ou 700 euros. Mais il faut encore en trouver. La plupart des fournisseurs sont en rupture de stock et retardent les livraisons.

Pourquoi une telle pénurie ?

La guerre en Ukraine a encore une fois bon dos, mais n’est pas liée à cette pénurie. Cette situation est le fruit de l’envolée des prix de l’énergie, de l’inflation et surtout du comportement spéculatif des consommateurs. Pour fabriquer ces pellets, il faut de l’énergie. Le coût de revient d’un kilo de pellets est donc également en hausse. Mais l’envolée des prix des pellets est lié essentiellement au comportement spéculatif des consommateurs. Pour se prémunir de fortes hausses, les utilisateurs ont souvent commandé plus de volume et plus tôt que d’habitude. Manque de chance, ils font tous la même chose et organisent ainsi, malgré eux, ce qu’ils redoutaient, l’envolée des prix. Il s’agit donc essentiellement d’un phénomène de sur-stockage, comme pour les pâtes, le PQ ou la farine aux grandes heures de la première crise sanitaire... De peur d’en manquer, les Français en achètent bien davantage que d’habitude, et la production n’arrive pas à suivre. Les fournisseurs ont alors recours à des importations, à des prix bien plus élevés que pour les pellets produits en France.

Importation face à cette pénurie

Ainsi selon Propellet (association nationale des professionnels du chauffage au granulé de bois), les producteurs, habitués à vendre leurs granules progressivement, sont confrontés à une forte demande ponctuelle qu’ils ne peuvent satisfaire aussi rapidement avec la production locale. Ces professionnels, qui produisent 85% des pellets importent donc à prix fort et réduisent les exportations pour répondre à la demande.
"Depuis des mois, nous produisons plus. Cette année, la production augmentera de 300 tonnes. Pour éviter la pénurie, la filière a baissé l’exportation de 16% et importe plus, mais à des prix qui ne cessent de grimper. Les distributeurs sont ensuite contraints d’homogénéiser les prix à la hausse et avec en plus la loi de l’offre et la demande, on en arrive à des factures deux fois plus élevées qu’elles ne l’étaient il y a un an", reconnait Éric Vial, délégué général de Propellet.
Éric Vial constate avec regret que tous les ingrédients sont réunis pour arriver à cette situation. Plus la demande augmente, plus le produit est rare, plus les tarifs grimpent et plus les utilisateurs cherchent à faire des stocks pour ne pas payer plus cher et ne pas se trouver à cours de combustible en plein hiver. L’histoire du serpent qui se mord la queue.

La pénurie n’est pas organisée... Mais engendrée par les consommateurs

"On entend que des producteurs de granules et des distributeurs bloqueraient intentionnellement des volumes de granulé pour faire monter les prix. Stop !", réagit le délégué général en pointant l’affolement irrationnel des consommateurs. "La filière de distribution se fait malmener depuis des mois par des clients stressés, soi-disant en manque de granulé … alors que la température extérieure est de 30 à 40°C ?!?!". Le professionnel rejette tout risque de pénurie en rappelant qu’en plus de l’importation, il y a aussi une hausse de la production nationale de 300.000 tonnes. En 2021, la consommation de pellets a atteint 2,4 millions de tonnes. D’ici à 2024, la filière espère augmenter ses capacités d’un million de tonnes.
"Le granulé n’est pas la moutarde : d’une part, il y en a et d’autre part, on n’a pas besoin de granulés toute l’année. (...) Au lieu de traiter les professionnels français de voleurs, il vaudrait mieux être fier d’une filière de production et de distribution qui fait son maximum pour que chaque consommateur français ait bien du granulé cette hiver. Ce qui est déjà compromis par les achats abusifs de certains", alerte Éric Vial.

Retour au calme !

Pour ralentir les hausses et éviter une pénurie déjà perceptible, Éric Vial demande aux consommateurs à ne pas céder à la panique en faisant du sur-stockage et à adopter une comportement plus sobre en matière de chauffage.

Pellets, les prix ne vont pas baisser fortement

Les tarifs risquent de continuer à grimper encore tout au long de cette crise. Reviendront-ils au niveau de 2020 ? Éric Vial en doute. "Les prix ne redescendent jamais au prix d’avant". "On peut comprendre le désarroi du ménage qui est passé au granulé pour baisser son budget énergie et qui se retrouve avec la même facture qu’avant. Pourtant il a pris la bonne décision, sans quoi sa facture aurait été bien plus salée".

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